MISSIONS SPATIALES ET ORBITES D'APPLICATIONS |
Il
n'est pas question de dresser un catalogue exhaustif de toutes les missions
spatiales qui ont été réalisées jusqu'à ce jour. Nous limiterons à faire
ressortir, dans leur classement, la relation étroite entre la mission et
l'orbite, avec un survol des principales contraintes associées.
En
quelque sorte, c'est une première ébauche " très modeste " de
l'analyse de mission, en phase A.
GLOSSAIRE PARTICULIER A CETTE PAGE
TYPES D'ORBITE | A défilement | A périgée gelé | Constellation | Géostationnaire | GTO | Héliosynchrone | Hyperbolique | LEO | Orbite de dérive | Orbite de parking | Orbite phasée | Polaire | SSTO | Synchrone | Transfert interplanétaire | Type Molnya | |
APPLICATION DES SATELLITES | Astronomie | Géodésie & étude des océans |GPS | Imagerie Spatiale | Interférométrie | Météorologie | Microgravité | Missions lointaines | Radiodiffusion | Satellites défilants | Satellites militaires | Stations orbitales |Télédétection | Téléphonie | |
Autres
liens vers des sites de classification d'orbites :
http://www.educnet.education.fr/orbito/orb/orbito/orbit1.htm
I LES MISSIONS COMMERCIALES :
C'est
certainement le domaine qui offre le plus de débouchés, avec l'utilisation des
ondes électromagnétiques sous dans toutes les gammes de longueur d'onde des
télécommunications.
De
rayon 42164 km ( voir cours ), cette orbite qui laisse un satellite fixe au
dessus d'un point choisi de l'équateur est idéale pour toutes les applications
suivantes, qui "arrosent" une région dont le contour est défini dans
des accords internationaux:
Actuellement,
la France est excellemment placée sur ce marché, avec le lanceur Ariane 5 et la
masse maximale en géostationnaire est de l'ordre de 6000 kg.
Essentiellement
utilisée par les satellites météorologiques, ces orbites basses, permettent de
"revoir" les masses d'air des pôles, environ 15 fois par jour, ce qui
permet d'intégrer les données mesurées dans les logiques de prédiction.
Dans
cette catégorie, on trouve les orbites à périgée gelé, terme qui signifie
simplement qu'on empêche la dérive de w
et donc du périgée dans le plan orbital.
3°) ORBITES POLAIRES A DEFILEMENT : Ce sont toujours des LEO ( Low Earth Orbit ou Satellite à Orbite Basse
)
a)
Météorologie : (satellites
Big LEO) Essentiellement destinées
aux satellites météorologiques, les satellites gravitent en circulaire vers
850 km du sol, sur une inclinaison de 102° qui leur assure
l'héliosynchronisme. Le survol d'un même lieu a lieu toutes les 24 h. HELIOSYNCHRONISME signifie que le satellite survole les nœuds de son orbite
toujours à la même heure, ce qui permet de mieux suivre l'évolution des
paramètres thermodynamiques en les comparant aux relevés du jour précédent à
la même heure. a)
Télédétection et observation( ou surveillance) de la Terre : IMAGERIE SPATIALE Ce sont les satellites d'imagerie spatiale, civile ( comme la famille SPOT ) ou militaire avec HELIOS. Sur orbites héliosynchrones, ils ont des missions variées : |
Images et cartographie par exemple pour
l'IGN, par exemple Spot 4 avec une caméra infrarouge et Spot 5 fournissent
une résolution de 2,5 m sur un champ de 60 km de côté. Pour Hélios la
résolution est de l'ordre de 1 m. Surveillance des pollutions, inondations,
conséquences de grands incendies, évaluation des déforestations de la fonte
des glaciers ou de la banquise Gestion des ressources humaines,
régionales ou planétaires Observation des mers et océans Missions scientifiques d'étude de
l'atmosphère ou de la biosphère, des interactions entre écosystèmes.... Surveillance militaire soit par
l'imagerie, soit dans des longueurs d'onde permettant de repérer des
activités souterraines légales ou illégales ..... En imagerie commerciale, des américains ont même réussi à descendre la résolution vers 10 cm. |
CONTRAINTES
:
1-
Ces orbites quasi polaires demandent des azimuts de tir absolu plus grands que
90° et des tirs quasi polaires. L'entraînement de la Terre devient pénalisant,
ce qui conduit à une vitesse de tir relative plus grande que l'absolue. Une
base de tir de latitude élevée est souhaitable, soit en URSS soit avec les USA
à Vanderberg.
2-
La précision de pointage des appareils de prise de vue impose un SCA de très
grande précision, pour maîtriser les mouvements de rotation du satellite qui
résultent des perturbations externes ou internes.
3-
La masse en orbite est limitée actuellement à quelques tonnes typiquement 4 à 5
tonnes.
4°) ORBITES CIRCULAIRES BASSES :
a)
TELEPHONIE :
Les
radio-amateurs utilisent souvent de petits satellites en orbite basse sur des
durées limitées.
b) EXPERIMENTATION DE MATERIEL NOUVEAU :
Même
si l'ambiance spatiale peut être simulée à Terre, rien ne vaut l'ambiance
réelle du vide spatial ou tout simplement du vol, pour qualifier un matériel
nouveau.
c)
ESPIONNAGE ET RENSEIGNEMENT :
De
petits satellites sont sur des orbites très basses, avec une durée de vie de
quelques jours, destinés à des photographies de haute résolution, avec
quelquefois récupération des pellicules, par des avvions dans l'atmosphère. Car
rien ne vaut l'argentique. Les russes ont été les champions de ce genre de
satellites avec la série des cosmos, pratiquement 1 par jour, à une certaine
époque.
C'est
une orbite elliptique intermédiaire classique, du type périgée 200 km apogée
35786 km pour les vols Ariane I, II, III, IV et 560 km-35786 km pour la
nouvelle famille Ariane 5.
Elle permet le transfert d'un satellite du niveau bas vers le niveau élevé géostationnaire. Voir cours
Elle
a même été utilisée comme orbite de parking, pour la mission Giotto vers la comète
de Halley.
6°) ORBITE DE TYPE MOLNYA :( Voir exercice)
Souvent
utilisée par les soviétiques, cette orbite de période égale à la moitié du jour
sidéral ( environ 12 h), très excentrique ( Périgée vers 600 km, apogée vers
40000 km ), cette orbite servait aux télécommunications domestiques.
Sa
grande particularité est une inclinaison de 63°.4 qui annule la dérive du
périgée dans le plan orbital, du moins celle due à J2( constance de l'argument
nodal du périgée w)
7°)
Orbite SSTO dite SUPERSYNCHRONE :
Utilisée
pour optimiser une mise à poste géostationnaire, lorsque l'orbite de départ est
fortement inclinée sur l'équateur.
Elle
est très excentrique, pouvant " grimper " à plus de 100000 km de la
terre. Plutôt que d'expliquer ses propriétés, je préfère ne ps me répéter et
vous renvoyer la rubrique qui lui est dédiée sur ce site.
II MISSIONS SCIENTIFIQUES :
C'est
aussi un domaine en pleine expansion, tant la demande est grande, soit en
connaissances de notre planète, soit pour notre environnement dans le système
solaire.
Les
orbites sont diverses circulaires basses, elliptiques excentrées, hyperboliques
d'évasion vers les planètes,
1°) MISSIONS INTERPLANETAIRES :
Loin
de moi l'idée de rappeler toutes les missions américaines, soviétiques et dernièrement
européennes à la découverte des planètes. Voir
cours dédié.
C'est l'occasion de pratiquer l'orbite hyperbolique
d'évasion par rapport à la Terre enchaînant avec une orbite elliptique de
transfert héliocentrique qui amène une masse de quelques centaines de kg vers
une planète choisie.
Parmi
les missions les plus spectaculaires, citons:
Missions Pioneer ou Voyager |
Missions des années 1970 de visite des planètes hautes du système solaire |
Ulysses |
Avec tremplin gravitationnel survol des pôles du Soleil |
SOHO |
Sonde d'observation disposée au point de Lagrange L1du système Terre-Soleil |
Galiléo vers Jupiter et son environnement |
Avec tremplin gravitationnel sur Vénus, la Terre 2 fois |
Rosetta vers une comète lointaine |
|
Giotto vers la comète de Halley |
Première traversée de la queue d'une comète. |
CASSINI |
Fin 2004, le module Huygens de la sonde Cassini (lancée en 1997) plongera dans l’atmosphère "prébiotique" de Titan, mystérieux satellite de Saturne. |
2°) GPS ET CONSTELLATIONS : Voir cours dédié
Apparu
dans la dernière décennie, le GPS ( Global Positionning System ), est un
système de positionnement utilisant plusieurs satellites d'une constellation,
pour affiner la position.
Un
navigateur ( avion, bateau, satellite, véhicule terrestre ou simplement un
randonneur peuvent connaître leur vitesse et position. Le GPS est même utilisé
en agriculture pour piloter en automatique un labour de champs immenses.
Le
GPS est intégré aux navigateurs notamment sur les avions ou les navires.
L'URSS
avait développé GLONASS, constellation de 24 satellites évoluant sur 3 plans à
une altitude de 19 100 kilomètres.
Les
USA possèdent le GPS actuel( qui présente cependant un inconvénient de taille,
car c’est un système militaire qui dépend du bon vouloir de l’armée américaine
).
Et
l'EUROPE met en place, à partir de 2005, le système GALILEO, pour garantir son
indépendance et aussi pour les retombées économiques d’une technologie aux
applications civiles innombrables. Le système devrait être opérationnel en
2008. GALILEO utilisera une constellation de 30 satellites de 700 kg chacun,
disposés sur trois plans inclinés à 56° sur l'équateur à 23 500 km d'altitude.
La constellation sera gérée par un réseau mondial de stations terrestres. Les
satellites émettront sur plusieurs fréquences allant de 1164 à 1591 MHz, y
compris certaines fréquences utilisées par le système GPS, comme la fréquence
L1. La compatibilité avec GLONASS est prévue.
PRECISION ATTENDUE :
Les
performances du GPS "civil" sont largement suffisantes pour les
randonnée ou la plaisance, mais pas pour des applications qui demandent une
précision de l’ordre du mètre, voire du centimètre, un GPS dit
"différentiel", beaucoup plus coûteux, doit alors être utilisé . Après
2008 avec Galileo et le GPS 2 les performances s’approcheront de ce "super
GPS".
Il est aussi certain que GPS et Galiléo seront fortement associés à la
téléphonie mobile. Aujourd’hui, une puce GPS est déjà intégrée à certains
téléphones mobiles aux US et lorsque un numéro d'urgence est composé,
l’utilisateur est immédiatement localisé.
2°) ASTRONOMIE SPATIALE ET VERIFICATIONS DES GRANDS PRINCIPES :
Le
besoin de précision dans l'analyse de tous les types de rayonnement, ont
conduit les astrophysiciens à utiliser des télescopes en orbite, tel HUBBLE ou
IRAS pour le rayonnement infra rouge.
Le
télescope Hubble est un instrument optique américain et européen permettant
d’observer la lumière dans les domaines visible, infrarouge et ultraviolet. Il
est placé en orbite autour de la Terre à une altitude de 580 km évitant ainsi
les perturbations dues à l’atmosphère terrestre.
Tout
dernièrement une cartographie fine des fluctuations du rayonnement primordial
émis lors du big-bang, a conforté la théorie.
L'atmosphère,
outre les perturbations qu'elle apporte dans la transmission des ondes, est
opaque à certains rayonnements, ce qui justifie l'usage de l'espace.
2- INTERFEROMETRIE GRANDE BASE
:
Il
est aussi envisagé, c'est un grand espoir pour les astronomes et les
physiciens, d'utiliser des sondes spatiales pour réaliser des expériences
d'interférométrie grande base. Ceci pour mettre en évidence notamment
l'existence d'ondes gravitationnelles et valider ainsi cet aspect de la théorie
de la relativité.
NB :d'après un article ---> Lisa (Laser Interferometer Space Antenna), projet de la NASA-ESA pourrait en 2010 être le premier observatoire spatial à tenter de prouver l’existence des ondes gravitationnelles, prévues par la théorie de la relativité générale. Pour cela, trois satellites, placés en triangle face au Soleil, évolueront à une distance de cinq millions de kilomètres les uns des autres ! Ils serviront de base à des mesures interférométriques. Les distances seront soigneusement mesurée grâce à des faisceaux laser entre satellites.
3°) GEODESIE OU ETUDE DES OCEANS :
Cette discipline utilise les mesures de distance pour évaluer les mouvements de l'écorce terrestre, évaluer les altitudes, le niveau des océans ( TOPEX-POSEIDON) et les anomalies de gravité qui déforment la surface moyenne des océans. La précision radiale de l'orbite du satellite TOPEX/POSEIDON en altimétrie spatiale, est voisine de 2 cm.
Le système DORIS (composé d'un réseau de stations émettrices, de récepteurs à bord de satellites, d'un centre de réception et de traitement des données et de stations dites de localisation) a permis de mesurer les mouvements relatifs de plusieurs plaques, notamment les plaques Afrique et Antarctique. Les récepteurs sont à bord de plusieurs satellites SPOT 2,4 et 5 , Topex-Poséidon , Jason 1 et Envisat . |
Pour la mission
Topex-Poséidon, l'erreur sur l'altitude est inférieure à 3 cm /1300 km, avec
Jason1, la précision pourrait être centimétrique. CONTRAINTES : Ces satellites doivent connaître
avec une extrême précision leur position en temps réel. Les instruments DORIS
disposent du système de détermination d'orbite à bord, DIODE (Détermination
Immédiate d'Orbite par DORIS Embarqué), calculant en temps réel la position
et la vitesse du satellite. Sur les derniers
récepteurs embarqués sur Jason 1, Envisat et SPOT 5, les premiers résultats
de DIODE autorisent en temps réel une qualité métrique. AMELIORATION DE LA
CONNAISSANCE DU CHAMP DE GRAVITE TERRESTRE : Les satellites
artificiels réagissent aux irrégularités du champ de gravité, la connaissance
de leurs orbites avec précision permet d'analyser les perturbations. Les
millions de données DORIS de poursuite des satellites SPOT 2, SPOT 3 et
TOPEX/POSEIDON intégrées dans les modèles de gravité comme le modèle
américain EGM-96 ou le modèle européen GRIM-5. La précision radiale de TOPEX/POSEIDON, capitale en altimétrie spatiale, atteint alors 2 cm. |
Voir
le cours dédié.
En
résumé, si le satellite en chute libre n'est soumis à aucune vibration ou
aucune force extérieure autre que le champ de gravité, il est en apesanteur et
on parle alors de gravité 0. Cependant, l'ambiance générale est celle d'une
microgravité, ne serait-ce que parce un freinage résiduel est toujours présent.
Cette
ambiance permet des expériences nouvelles :
Fabrication de médicaments homogènes. Biologie et physiologie humaine ou animale. |
En ambiance froide : Etude de supraconductivité, de superfluidité |
Etude de l'influence des rayons cosmiques |
Expériences de mécanique des fluides, de combustion ... |
Elaboration de matériaux
nouveaux, de cristaux parfaits. Avec les nouvelles matières intéressant les
technologies modernes :
Etc.... |
Les
russes nous ont longtemps habitués au concept de STATION ORBITALE avec la
fameuse station MIR.
La
communauté internationale a donc rapidement pris la décision, prévenant la fin
de vie de MIR, de construire la STATION SPATIALE INTERNATIONALE ( ISS en
anglais ).
http://www.spacenews.be/dossiers/iss/iss05.html
Avec
une durée de vie de 15 à 20 ans, une station orbitale est un laboratoire idéal
d'expérimentation, dans tous les domaines et plus particulièrement en
microgravité( voir plus haut).
C'est
probablement ce genre de construction modulaire, autour de la Terre ou de la
lune, qui servira de base d'envol vers la planète Mars, qui apparaît comme la
première candidate à une future exploration habitée de planète.
IV AUTRES DENOMINATIONS :
Cette
dénomination apporte une propriété supplémentaire à une orbite, celle de
survoler au bout d'un temps fini, le même point physique de la Terre. Ce qui
peut être intéressant, pour des comparaisons d'images, un suivi d'évolution
....
On
démontre alors que la période orbitale satellite doit être dans un rapport
rationnel avec la période sidérale de la Terre.
NB
: En imagerie spatiale, les orbites sont héliosynchrones et phasées.
CONTRAINTE CAPITALE : Malgré les perturbations, il faut veiller à maintenir une période
très précise, donc un demi grand axe a constant
Les
perturbations orbitales font dériver le périgée dans son plan. Le périgée d'une
orbite est dit gelé notamment lorsqu'on souhaite, pour une orbite polaire ou
quasi polaire, fixer le périgée au-dessus du pôle.
CONTRAINTE :
On montre après un calcul assez fin, qu'il faut donner, à une orbite quasi
circulaire, une très légère excentricité, bien choisie, au départ.
3°) ORBITES DE PARKING ou D'ATTENTE :
On
appelle ainsi, des orbites intermédiaires, où un satellite, ou une sonde
interplanétaire sont injectées par le lanceur, avant restitution d'orbite ou
vérifications préliminaires de position, en attente d'une injection précise
dans un plan particulier, notamment pour les transferts translunaires ou
interplanétaires....
On
désigne ainsi des orbites elliptiques ou quasi circulaires, intermédiaires
entre la GTO et la géostationnaire finale, lors d'une mise à poste d'un
satellite géostationnaire. Pourquoi de "dérive" ? Tout simplement,
parce qu'avec des décalages de période, on peut rapprocher l'apogée de la
longitude de stationnement finale, juste avant la mise à poste fine.
Le
mieux est d'aller consulter le cours dédié.
Qualificatif
donné aux orbites elliptiques (équatoriales ou pas ) ou circulaires( non
équatoriales ) de période identique à la période sidérale de la Terre.
Guiziou Robert octobre 2007, sept
2011